Fabienne MOTTO EI
Psychologue à Meyzieu

L'Approche Centrée sur la Personne (ACP) : une approche psychothérapeutique efficace au service de la Vie


Dans une perspective de transmission, j’ai réalisé une série d’interviews auprès de personnes rencontrées durant mon parcours de formation dans l'Approche Centrée sur la Personne (ACP) afin de mieux comprendre ce que cette Approche avait pu représenter pour toutes ces personnes, ce que chacune avait pu y trouver. J’ai eu envie de me soumettre au même exercice. Je vous livre ainsi ma rencontre avec l’Approche, ce qu’elle représente pour moi, ce qu’elle a pu ou continue de m’apporter… En faisant ce travail, j’ai compris pourquoi j'avais eu envie d'entreprendre cette série d'interviews.

Une rencontre de l’ACP sur fond de professionnalisation en psychologie

J’ai rencontré l’Approche Centrée sur la Personne dans le cadre d’une formation présentant ses principes de base. Je m’étais inscrite à l’époque au 1er module, « pour voir » (2009). Il y avait à lors trois modules du plus court au plus long, de la présentation globale de l’approche (module de sensibilisation), en passant par la formation à la pratique de la relation d’aide jusqu’à celle de psychothérapeute.

Parallèlement à mon activité professionnelle de consultante en développement humain en libérale, j’avais repris mes études en psychologie clinique à la faculté Lyon II (2004). L’idée me traversait depuis plusieurs années de me former à la psychothérapie dans la perspective d’une évolution professionnelle. Je me suis dit que je pouvais acquérir une bonne base en faculté que je pourrais compléter par une formation plus expérientielle. Ce désir de pratiquer ce métier m’aspirait depuis longtemps ! Cela me renvoie à mes envies-pistes de devenir psychanalyste à l’âge de 15 ans… psychologue clinicienne à l’âge de 18 ans au moment de l’orientation de l’après-bac tellement compliquée pour moi…

J’ai réalisé une étude approfondie des divers courants humanistes. J’ai fait cela très sérieusement ! J’ai interviewé des amis… Je me suis renseignée sur les différentes approches thérapeutiques : la PNL (programmation neurolinguistique), l’hypnose Ericksonienne, la Gestalt-Thérapie, l’Analyse Transactionnelle, l’ennéagramme… Je suis impressionnée aujourd’hui par l’application que j’ai mise dans ce projet !

C’est finalement l’Approche Centrée sur la Personne (ACP) qui m’a le plus convaincue. C’est le fait de se centrer sur chaque personne que j'ai trouvé particulièrement pertinent. Le fait aussi de mettre l’accent sur la relation psychothérapeutique.

Après avoir avancé dans mon parcours de psychologue clinicienne à la faculté, je me suis mise à contacter les différents organismes de formation proposant des formations ACP (2008). J’ai retenu ACP Formation dans l’esprit de Carl Rogers qui m’avait donné une impression très favorable de structure du programme, de cohérence d’ensemble dans l’apprentissage du métier de psychothérapeute, l’approche qui m'est apparue comme la plus professionnelle et la plus fiable parmi celles étudiées à l'époque. L’aspect expérientiel de la formation, qui venait trancher avec ma formation universitaire et la compléter, a été également très motivant.

L’idée était de faire le premier module (4 week-ends de 2 jours) et de voir si cela me parlait ou non, autrement dit si j’allais poursuivre ou non la formation plus avant…

Ce premier module (1er semestre 2009) a été une réelle découverte au sens d’une très bonne surprise, dans la mesure où il m’a permis à la fois d’avoir une approche de l’ACP mais aussi de moi-même, en faisant déjà l’expérience de me transformer (prises de conscience sur mon rapport à moi-même et à l’autre, expérimentation de l’opérationnalité des trois attitudes intérieures de base de l’ACP). J’y ai trouvé un terreau de développement à la fois personnel et professionnel, une motivation à poursuivre !

Une formation de psychothérapeute ACP doublement développante !

A ce moment-là, le cours de ma vie affective reprenait : nouveau compagnon, désir d’enfant. J’arrivais à la fin de ma maîtrise de psychologie clinique. J’étais heureuse d’ouvrir une nouvelle page de ma vie suite à une période très difficile à nouveau marquée par la maladie grave (2ème fois), un long arrêt maladie et des traitements très lourds (10-2006 à 11-2007).

Je me suis engagée dans le module 2 de la formation ACP sur l’année 2011 (10 week-ends). Cette formation m’a permis d’aller plus loin, plus profond, grâce au travail des trois attitudes (empathie, jugement positif inconditionnel, congruence) en groupe et en labo. Je précise ici pour ceux qui ne connaissent pas que le labo est une expérience puissante. Trois personnes sont en présence : celle qui joue le rôle du client, celle qui joue le rôle du thérapeute et celle qui observe. Un débriefing suit chaque temps d'écoute permettant à chacun d'expliciter ce qui s'est passé pour lui durant l'expérience.

J’ai pu faire un travail en profondeur en moi-même dans ma relation aux autres. J’ai commencé à prendre conscience de qui j’étais et de l’impact de mon histoire sur ma façon d’être en relation. Je me suis rapprochée de mon corps, de mes sensations, émotions intérieures. J’ai pu aussi vivre des expériences réparatrices en groupe.

Durant cette période, mon corps s’est remis à s’exprimer via la maladie à l’automne 2011. Une troisième étape de la maladie grave a été diagnostiquée. Nouvelle opération. Nouveaux traitements. J’ai ressenti le besoin de reprendre une thérapie personnelle (10-2011) pour être soutenue et travailler les chantiers ouverts lors de cette formation professionnalisante.

Le module 3 s’est déroulé sur 2 années (02 à 12-2012 puis 02 à 12-2013) en résidentiel. Le travail psychique réalisé durant le module 2 a ouvert la voie à tout un travail de symbolisation (les processus de la sensation à la mise en mots). L’année de formation 2012 a été particulièrement forte en mouvements internes psychiques. Grâce à cette formation expérientielle et à l’attention fine, subtile des formatrices, au soutien du groupe, j’ai pu voir progressivement émerger et réintégrer des parts de moi, traces d’expérience plus ou moins traumatiques jusque-là jamais accueillies, développées, conscientisées.

Durant l’année de formation 2013, le traumatisme vécu à ma naissance est devenu une pierre de touche. L’accompagnement supervisé de ma première cliente parallèlement à la formation a permis des accélérations dans mon processus de formation tant personnel que professionnel avec de nombreuses prises de conscience sur ma façon d’être en relation et les liens que je pouvais faire avec mon histoire. Ce trépied a été très formateur. Tout le travail réalisé sur moi depuis des points de vue simultanés et différents (la formation, la thérapie, la supervision) a concouru à mon propre développement et à celui de ma cliente.

Tout le travail d’élaboration écrit qui a suivi dans le cadre du mémoire de certification dans l’Approche, alliant théorie et pratique, a contribué à prendre du recul par rapport à tout le travail réalisé (sur moi, en formation, en supervision) et à prendre la mesure de ce qui se passe dans la relation thérapeutique (tissage relationnel) entre le thérapeute et le client.

Une caractéristique : l’acquisition d’un métier en profondeur

Je suis pleine de gratitude par rapport à tout ce parcours de formation (2009-2014) que j’ai trouvé très riche tant en termes d’apprentissage d’une posture de thérapeute qu’en termes de développement humain. J’ai réellement la sensation d’avoir acquis un métier sur lequel j’ai pu m’appuyer depuis l'accompagnement de ma première cliente puis l’ouverture de mon cabinet en 2014.

J'ai pu également engager un travail psychothérapeutique sur moi-même qui a permis à la vie en moi de ne plus être empêchée, entravée, de trouver des voies de passage vers plus de conscientisation et de guérison. La vie ne trouvait en moi que des réseaux indirectes, secondaires, via la maladie corporelle, pour venir se dire, pour m'alerter. Il a fallu du temps pour que je me rapproche de mon corps, de mes ressentis, pour que j'écoute sans jugement, sans avoir trop peur, les traces d'expériences restées en souffrance. Cette formation ACP, par les conditions qu'elle proposait, m'a offert le contexte nécessaire (outils, sécurité) pour commencer à faire ce travail de tissage de moi à moi  que j'ai poursuivi ensuite dans d'autres lieux.

Ce qui me semble caractériser l’ACP est justement le fait de mettre l’accent sur cette posture faite des trois attitudes que j'ai pu travailler de façon expérientielle et remettre sur le métier tout au long de ma formation. Je les ai intégrées en moi, elles ont été au service de mon développement avant d'être au service de mes clients. Je les ai expérimentées dans ma chair. Je n’ai retrouvé ce travail d'orfèvre absolument nulle part ailleurs au cours de mes formations tant à la faculté qu’au Cnam. Or, c’est justement cela qui me semble primordial dans l’apprentissage d’un métier.

Même si de par mon parcours d'études en psychologie, je suis faite d'apports théoriques différents (l'approche  psychodynamique, l'approche centrée sur la personne...) je sens bien que cette posture est la base relationnelle qui fait toute la différence en assurant une qualité de présence à l'autre, en m'aidant à rester avec moi dans la relation à l'autre et en lui facilitant le passage vers lui-même.


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