Fabienne MOTTO EI
Psychologue à Meyzieu
Fabienne MOTTO EI
Psychologue à Meyzieu

EMDR... de quoi s'agit-il au juste ?


Le terme EMDR fait partie de notre environnement depuis déjà une vingtaine d'années. Il est associé au monde du soin psychique et au recours à une technique qui passe par la mobilité des yeux... mais en quoi est-ce que cela consiste ? D'où vient cette méthode ? Pour quel type d'affection ? Comment cela fonctionne ?...  C'est ce que nous allons explorer dans la suite de cet article.

Origine de l'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ?

En français, on parle d'intégration neuro-émotionelle par les mouvements oculaires (soit la désensibilisation et le retraitement de l'information par les mouvements oculaires).

Cette méthode a été inventée en 1987 par Francine Shapiro, psychologue américaine. Elle-même touchée par un cancer en 1979, elle se met à explorer les liens potentiels entre le stress, l'activité mentale et la maladie. Sa rémission lui aurait été annoncée par un médecin d'une façon qui va la marquer « Apparemment, vous ne l’avez plus, mais ça revient chez certains patients. On ne sait pas chez qui, ni comment. Bonne chance » et l'inciter à passer vingt ans de sa vie à étudier la psychologie, les liens corps-esprit afin de chercher à prévenir une éventuelle rechute. Elle s'intéresse ensuite à diverses formes de psychothérapies à la recherche de traitements efficaces du stress. Elle rencontre notamment Grinder le concepteur de la PNL (la Programmation Neurolinguistique) qui lui aurait indiqué une technique de PNL de traitement du trauma psychique par les mouvements oculaires. Cette technique deviendra plus tard l’Intégration par les Mouvements Oculaires.

De façon empirique, elle découvre que le fait de bouger les yeux en diagonale d’en bas à gauche à en haut à droite l'aide à réduire ses pensées négatives et à diminuer leur charge émotionnelle lorsqu'elles revenaient. Elle va prolonger cette observation par des expérimentations sur elle-même, ses proches puis ses clients en psychothérapie. Elle va faire porter l'objet de sa thèse de docteur en psychologie comportementale sur « la désensibilisation du traumatisme par les mouvements oculaires ».  Elle rencontre Joseph Wolpe, psychiatre sud-africain, professeur de psychiatrie et pionnier du béhaviorisme (thérapies comportementales). Il a développé le concept d’inhibition réciproque et mis au point la désensibilisation systématique. Cette technique était considérée comme la méthode la plus efficace dans le Stress Post Traumatique.

En 1990, L’EMDR est officialisé. Le modèle sera prioritairement orienté vers le traitement du psychotraumatisme (en français : ESPT). Selon Laurent Gross " Il devient par la suite une intervention complexe, à plusieurs facettes, décrite comme une véritable révolution dans le champ des psychothérapies." Il connaît ensuite un développement important dans le monde.

EMDR : pour quels types de troubles ?

L'EMDR s'adresse aux personnes qui souffrent d'un trouble anxieux suite à une situation traumatisante (attentat, viol, catastrophe naturelle, avortement...).

Les troubles du stress post-traumatique (TSPT) apparaissent suite à un événement traumatisant et interviennent par sa reviviscence régulière assortie de manifestations physiques. Ces dernières sont liées à l'émotion extrême (stress intense, effroi) ressentie sur le moment du traumatisme. La personne s'est sentie impuissante.

Dans ce cas, le cerveau ne peut traiter l'évènement entièrement. Il reste fragmenté dans la mémoire et peut être réactivé. Il génère alors des troubles dont les troubles de stress post-traumatique.

Lors de l'événement traumatique la personne peut être amenée à se dissocier mentalement. Le cerveau s'adapte face à une situation traumatisante. La personne a la sensation d'être anesthésiée (coupée d'elle-même et de ses émotions).

Le TSPT donne lieu à des manifestations (souffrance morale et symptômes physiques) qui handicapent la vie personnelle, sociale et professionnelle (EMDR-France) :

- des images, des pensées, des cauchemars s'imposent à la personne de façon récurrente. Elle peut se retrouver plongée dans le passé en revivant la scène traumatique. Cette ré-évocation peut être déclenchée par un son, un lieu, une odeur... ou encore lors de la phase d'endormissement. Elle génère des émotions douloureuses et des manifestations physiques (sueurs, tachycardie...),

- la personne peut développer des mécanismes d'évitement de ce qui lui rappelle l'évènement traumatique et se mettre à l'écart,

- sont souvent associés : la tristesse, le manque d'élan vital, l'indifférence affective,

- un état d'hypervigilance.

EMDR : en quoi consiste le traitement ?

L'objectif de l'EMDR est de réduire la charge émotionnelle associée à un souvenir traumatique.

Des séances de préparation visent à entrer en relation avec la personne, valider ou non l'indication de la thérapie EMDR et définir l'objectif de la thérapie. Les séances du traitement proprement dit suivent.

Il est  demandé au patient de repenser au moment du traumatisme en se reconnectant à ce qui s'est passé pour lui (sensation, émotion, pensées) à l'époque. A certains moments, pendant le processus, le thérapeute soumet la personne à un stimulus sensoriel touchant les deux côtés du corps. Il peut s'agir d'une stimulation visuelle, suivre du regard le doigt du thérapeute qu'il déplace devant lui de gauche à droite. Le mouvement rythmique des yeux serait celui qui a lieu naturellement lorsque nous rêvons. D'autres stimulations sont possibles : des sons de chaque côté de la tête, des tapotements sur les deux bras. La stimulation dure une dizaine de secondes, puis le patient peut exprimer au thérapeute ses émotions, ses sensations, ses pensées. Le praticien réalise plusieurs séries de stimulation jusqu'à ce que le souvenir ne soit plus perturbant pour le patient. L'intensité de l'émotion provoquée par le souvenir du traumatisme disparaît progressivement.

Cette stimulation restructurerait l'information traumatique dans le cortex et non plus dans le cerveau limbique (mémoire) lié aux émotions. Les mouvements oculaires permettent une sorte de reprogrammation qui diminue la charge émotionnelle associée au souvenir. Elle vient finir le traitement de l'information traumatique qui n'a pu se faire sur le moment de par la violence du traumatisme pour tel individu.

La thérapie EMDR permet de réduire les troubles liés au stress post-traumatique ainsi que la douleur chronique.

Pour indication, les séances durent de 60 à 90 minutes. Le prix varie de 80 à 150 euros. Certaines mutuelles et assurances complémentaires proposent la prise en charge de l'EMDR.

Une technique à intégrer dans une relation psychothérapeutique

De nombreuses études ont démontré l'efficacité de cette technique (Bériault & Larivée, 2017). Elle est ainsi reconnue dans la communauté scientifique dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique. Toutefois, son développement a suscité de nombreuses controverses et elle fait encore l'objet de débats dans le milieu scientifique. Enfin, d'autres études auraient également précisé que cette thérapie ne serait pas plus efficace que d'autres approches psychologiques visant à soigner les traumatismes (site passeport santé).

Quoiqu'il en soit, l'EMDR doit être considéré comme un moyen thérapeutique qui s'inscrit dans une pratique et une relation psychothérapeutiques. Il ne s'agit pas d'un outil magique. Il n'est pas en lui seul une solution. Il suppose un lien solide et une relation de confiance avec le thérapeute.


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