Fabienne MOTTO EI
Psychologue à Meyzieu
Fabienne MOTTO EI
Psychologue à Meyzieu

Comme un ancrage en soi reliant au vivant


Dans une perspective de transmission, je réalise actuellement une série d’interview auprès de personnes rencontrées durant mon parcours de formation dans l'Approche Centrée sur la Personne (ACP). Dominique Briot est l’une d’entre elles. Elle a accepté de témoigner sur ce que l’ACP représente pour elle, sa rencontre avec l’approche, ce qu’elle a pu ou continue de lui apporter…

Les apports profonds de l'Approche Centrée sur la Personne

Par quoi souhaites-tu commencer ?

Quand on parle d’ACP, cela vient me parler de vivant, d’accompagnement dans le quotidien à chaque instant. C’est un contact à Soi et de reliance avec les autres. Et avec le Tout. Ca, pour moi, c’est la dimension spirituelle de l’approche. Dans mon jargon, c’est ce que cela vient toucher, ce que cela m’a permis de rencontrer, de goûter.

Il y a plein d’outils qui existent et à la portée de chacun, mais tout ce qui a pu être vécu, partagé, dans les formations ACP, la très grande profondeur de ce qu’on a pu vibrer et se transmettre les uns aux autres, tout cela est très riche dans ma vie et cela continue de m’accompagner.

Je suis encore en lien, en résonnance de certains moments, de la très grande sensibilité, profondeur de ce qui a pu être effleuré, apprivoisé… Dans l’accueil de la délicatesse des partages de chacun, sa diversité, sa vulnérabilité.  C’est l’occasion de pouvoir vivre dans son corps, dans sa chair, dans ses tripes, l’expérience de venir habiter différemment les émotions que tu crois connaître, et venir les nuancer, les teinter, les colorer différemment. Les revisiter. Et tisser des liens. En Soi-même, et avec les autres.

Je me laisse encore surprendre par rapport à certains moments qui ont été vécus et qui viennent soudain éclairer une situation de ma vie courante actuelle.

C’est comme un décodeur magique qui m’a été donné et que j’ai été chercher. A la base, c’est parti d’une démarche individuelle, un désir de transformation, d’évolution… une nécessité de changement aussi. Trouver une alternative au mal-être et à la souffrance. Et après, à chacun son chemin, son désir de découverte, son appétence pour une part d’inconnu… Ca me parle du rythme de chacun aussi. C’est différent d’une personne à l’autre.

Pour moi, les trois conditions [accueil positif inconditionnel-empathie-congruence] ce sont des outils transverses, une posture, un état d’être que l’on peut démultiplier partout dans tous les endroits, tout type de relation.

Il y a un avant et un après pour moi. Quelque chose qui a été effectivement transformé.

Quand je t’entends c’est comme si cette approche t’avait apporté une façon d’être en relation à toi-même et à l’autre ?

Oui, c’est vraiment ça. Avec une part grandissante du contact à moi et l’émergence de plus d’audace dans ma qualité à être. Pour moi, mon gros chemin à moi, cela été de goûter et de mettre des contours à ma congruence, ce qui aujourd’hui me parle vraiment de pouvoir entrer, alimenter, oser des moments d’intensité dans la relation à l’autre là où mon parcours de vie faisait qu’il y avait une tendance à la dissolution, dilution au monde de l’autre car il m’était difficile de tenir qui j’étais. Ça me parle vraiment d’authenticité.

C’est une très grande réussite de Carl Rogers, et de l’Approche, de pouvoir accompagner le développement de la Personne dans ses mouvements vers Soi et de tous les humains qui ont ce courage d’être eux-mêmes.

Plein de chemins y conduisent. L’année passée, j’y ai associé la méditation. C’est un moment de contact à moi privilégié qui vient compléter et enrichir ce que j’ai trouvé dans l’ACP. Toutes ces techniques, ce sont un peu comme les cailloux du Petit Poucet, pour retrouver son chemin dans la nuit. [rire]

L’ACP a ouvert, est vraiment une porte vers la Conscience. Elle vient faciliter le contact à Soi et à l’Autre et permet d’aller dans un mouvement d’aller-retour, plus éclairé, plus vivant ou plus coloré, de son propre monde et du monde de l’autre.

La place du corps dans le processus de transformation de soi

Comme plus dense de chacun ?

Oui. Comment je peux dire… Je cherche sans trop m’éparpiller ce qui peut être intéressant de partager avec d’autres… Il y a quelque chose de l’ordre de l’intégration corporelle.

Comme je le disais tout à l’heure, j’ai eu la chance d’adjoindre de la méditation récemment, mais c’est aussi  une approche corporelle, la Biodanza, qui m’a beaucoup apporté. La Biodanza, c’est la Danse de la Vie. C’est une approche qui a été mise au point par Rolando TORO, un contemporain de Rogers. Elle favorise l’expression par le geste, motivée par le ressenti dans l’instant présent, soutenue par des musiques du monde entier et le groupe. J’avais un côté très figé. C’est venu en appoint ou complémentarité à l’ACP.

C’est à la portée de tout un chacun de… comment dire… de se prendre par la main avec douceur et bienveillance, d’aller explorer d’autres chemins et de découvrir qu’il y a bien plus de profondeur et de richesses dans l’être humain que ce que nos peurs peuvent nous faire croire ou les illusions que l’on peut avoir, toutes les croyances du monde.

En cela l’ACP dans le quotidien permet de décoder, de passer d’une forme d’illusion à une forme de réalité intégrée… La congruence, un ressenti individuel qui parle de sa matière, de son monde, sa façon d’y vibrer quelque chose, ses autorisations, la bienveillance vis-à-vis de soi… ces mêmes éléments que je vais m’offrir, je pourrai les offrir aux autres. 

On peut même utiliser le vocabulaire de l’électricité, parler de courant, ou de la sève, on parle de vivant et de circulation ! Moyen puissant pour moi qui reste en filigrane de la formation ACP et des moments de partage comme quelque chose d’universel… c’est très spirituel aussi.

Dans l’approche, en me reliant à moi-même, j’ai pu recontacter ma source intérieure et me relier à Plus Grand que moi.

Encore une ouverture à… si tu te relies à toi, cela ouvre à… ?

Oui. Cela transforme le regard. Pouvoir poser son regard dans la profondeur de soi-même permet de… comment dire… j’ai le geste de tourner le regard de l’intérieur vers l’extérieur et de l’offrir, de plein de quelque chose d’autre touché dans l’émotion, la vulnérabilité, la colère, plein de couleurs, de sensations différentes puisées en moi et au contact des autres. Magnifique chemin de rencontre avec l’Autre, avec Soi. C’est l’Alchimie de la Rencontre.

Silence.

Je suis avec le mot « universel » qui résonne en moi… c’est important aussi. Dans la profondeur de l’être humain, des personnes en présence… Il y a quelque chose de sacré.

Une approche déployable dans toute relation

Se relier profondément en toi avec l’autre te fait toucher l’universalité de ce processus ?

Oui ça passe par ça aussi… comment parler de cet endroit au fond de soi, où on plonge dans la Rencontre avec l’autre ?... Tu vois les autres plonger aussi, il y a cette plongée, tu peux être témoin de celle des autres à leur propre profondeur et à cet endroit quelque chose se crée, se tisse dans la relation.

Rogers a animé des groupes de rencontre en différents endroits, dans des contextes très divers, des zones fragiles, je crois même avec des politiques !

Ce qui me plaît, c’est la possibilité de démultiplier l’ACP dans plein d’endroits différents. Cette approche de la relation transpersonnelle, le développement de cette façon d’être en soi et l’ouverture à soi et à l’autre, cette posture est démultipliable partout. Certains s’inscrivent dans une démarche certifiante et l’ont mise en mouvement dans un cadre thérapeutique. Moi, je tâtonne, je me mets en mouvement différemment. Je suis longtemps restée accrochée à des parts de mon passé…

Mais cet état d’être, son expérimentation, j’ai pu en teinter des réunions professionnelles d’équipe, aller vers la facilitation de groupe, l’animation de Cercles de Pardon... Ce sont des postures déployables à d’autres endroits que la thérapie, dans d’autres contextes, presque partout puisqu’on parle de Vivant et d’Humain. Donc oui, contact, profondeur, ouverture, relation, déploiement…

Cette approche t’a permis d’être davantage en contact avec toi-même et avec l’autre, de faire circuler la vie et de déployer cette façon d’être dans tes relations ?

Oui, c’est rassurant de voir que j’ai été perçue, que mon message est suffisamment clair. [rire] C’est aussi le décodeur encore une fois ! J’ai appris à être au plus près de ce que je vis, ressens, pour l’offrir, le tenir dans la relation, d’instant en instant, à ne plus être figée dans des peurs, masques… rester vivante et vivre le réveil de l’Etre dans son entièreté… cette capacité retrouvée à vivre son plein potentiel quelque part avec tout ce que je suis, toutes mes facettes. Sans rejeter les parts de moi qui font peur ou qui sont sombres…

En guise de conclusion

Sans réprimer, retenir, en laissant passer…

Dans des éléments plus spontanés, dans la confiance de l’enfant qui se lance…

Silence.

Le mot qui me vient c’est la gratitude. D’avoir rencontré des personnes bienveillantes, avec beaucoup de profondeur, de qualité d’échange et d’authenticité. J’ai pu goûter d’autres parts de moi-même. Gratitude à la vie aussi pour ces instants cadeaux, présents. L’ACP m’a aussi permis d’apprendre à goûter au silence. Ce n’est pas rien ! Tout un apprentissage, même ! [rire]

C’est précieux… Le silence est plein en fait. Comme en musique aussi… Cela se diffuse en soi, comme une onde qui passe… Et on peut goûter à la plénitude du silence, forme d’absolu, sans plus le craindre. Il y a beaucoup de personnes qui ne supportent pas le silence, qui ont toujours besoin d’un bruit de fond, musique, télévision… Le silence permet de goûter au plein et au délié de la relation en fait…

Silence

Je sens la joie qui arrive. [sourire intérieur] L’ACP accompagne tous les mouvements de la vie en fait. Leur conscience.

Y-a-t-il autre chose que tu aimerais ajouter ?

L’accueil et le non jugement de l’écoutant, c’est une grande aide… pour ressentir cette capacité qui émerge en soi au fil de la présence à soi… Et observer son propre  regard qui peut être porté de l’intérieur vers l’extérieur…  en prenant du recul par rapport aux situations, avec à chaque fois cette lumière de la conscience placée sur chaque instant qui fait que, comment je peux le tourner… il y a un avant et un après…

Ce côté vivant, l’accueil de ces mouvements infinis et cette grande diversité à laquelle on peut toucher, goûter… s’approcher au plus près, au plus juste, la justesse pour soi, le mot qui traduit exactement la vibration intérieure qui est la sienne à un moment, de l’habiter d’un sens…

On a évoqué les pleins et les contours, il est difficile de parler de la congruence, cela reste complexe… Pour moi il y a quelque chose de l’ordre de la forme de l’Ame…

Merci Dominique.


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