Fabienne MOTTO EI
Psychologue à Meyzieu
Fabienne MOTTO EI
Psychologue à Meyzieu

Psychothérapie et Communication Non Violente


Récemment, je me suis rendue compte que j'utilisais relativement souvent dans ma pratique psychothérapeutique ce que l'on appelle la Communication Non Violente. Je le fais sans avoir été spécialement formée plutôt à partir de ce que j'en connais au travers de mes lectures notamment.  Pour cette raison, j'ai eu envie de faire un point sur cette méthode afin de clarifier ses origines, sa méthodologie et ses attendus. Je me suis alors aperçue qu'elle a dans ses fondations des liens étroits avec Carl Rogers (le courant thérapeutique humaniste) ce qui me permet de comprendre qu'elle soit aussi facilement combinable dans ma pratique de thérapeute ACP.

Vers une définition de la Communication Non Violente (CNV)

La CNV a été mise en place par Marshall Rosenberg, docteur en psychologie clinique américain, dans les années 1960. Contemporain et élève de Carl Rogers, il a été profondément influencé par ses travaux. L'empathie est au coeur de la CNV. Il crée en 1984, le Centre pour la Communication Non Violente dont l'objectif est de diffuser cette nouvelle approche. Son ouvrage "Nonviolent Communication : a Language of compassion" paru en 1999 a été traduit en français par "Les mots sont des fenêtres (ou des murs)".

Marshall Rosenberg s'inspire également de la pensée de Ghandi et de Krishnamurti (penseur indien), et en particulier de leur façon de parler et d'agir qui médiatise une réelle transformation du regard porté sur le monde notamment via l'empathie. La "non violence" fait référence à l'intention de communiquer avec l'autre sans lui nuire. Enfin, il s'appuie sur les travaux de l'économiste Manfred Max-neef, qui a travaillé sur les besoins humains.

Alors que signifie la CNV ? Selon Marshal Rosenberg la CNV est un processus qui peut être utilisé de trois manières :

- l'auto-empathie (communiquer avec soi-même pour clarifier ce qui se passe en soi),
- l'expression empathique (communiquer vers l'autre d'une manière qui favorise la compréhension et l'acceptation du message),
- l'empathie (recevoir un message de l'autre, l'écouter d'une manière qui favorise le dialogue quelque que soit sa manière de s'exprimer).
 
Pour que ce processus permette vraiment la coopération et le dialogue, cela suppose une attention au moment présent et  une intention claire.
 
Ainsi on peut dire que la CNV est une méthode de communication qui vise à faciliter les relations entre les êtres humains et à créer entre eux des relations fondées sur l’empathie, la compassion, la coopération harmonieuse, le respect de soi et des autres.

Mise en oeuvre du processus de la CNV

Ce processus repose sur quatre étapes afin de développer la qualité de la relation à soi et/ou à l'autre :

Observer. Décrire la situation en termes d'observation partageable. Il s'agit ici de partir de faits concrets et d'éviter tout jugement qui enferme l'autre dans une représentation et ne l'incite pas à entendre ce qui lui est dit. Les évaluations ou interprétations sont à exprimer en tant que relevant de notre propre perception qui est à distinguer de la réalité "J'ai l'impression que tu...".

Exprimer ses sentiments et ses attitudes suscitées dans telle situation. Il est courant de faire l'amalgame entre les émotions et la perception que l'on se fait de l'autre. Ex : au lieu de dire à quelqu'un que l'on est triste parce qu'en le croisant dans la rue, il ne nous a pas dit bonjour, on lui exprime qu'il nous a ignoré. Nous projetons alors sur lui (et nous l'enfermons dans) notre interprétation. Il est donc proposé ici au contraire de parler de soi, de ce que l'on ressent ("Je") plutôt que de renvoyer quelque chose à l'autre ("Tu").

Exprimer son besoin. Pour la CNV, nos besoins sont la cause réelle de nos ressentis. Il est donc important de gagner en conscience sur le moment de notre propre besoin et de l'assumer. Ce n'est pas toujours facile. Plusieurs obstacles peuvent rendre cette tâche difficile : ne pas sentir son besoin, ne pas savoir comment le dire, craindre de le montrer...

Demander les actions que l'on souhaite. L'idée est de formuler son besoin sous forme d'une demande réalisable, concrète, précise et énoncée positivement et si possible, que l'action soit réalisable de suite. La CNV entend par besoin "les besoins sont des manifestations de vie". Il peut s'agir de sécurité, de bien-être physique, de compréhension... à distinguer bien sûr de l'usage courant du terme besoin. Et il s'agit d'une demande et non d'une exigence.

Pour Marshall Rosenberg, ces étapes sont des étapes-repère et non des règles à suivre à tout prix.  L'ordre de ces étapes diffère selon chaque situation.

Des applications au service de la conscience dans la relation

La CNV peut être utilisée comme moyen de médiation dans des situations de conflit familiales ou professionnelles. Elle peut également être mise en oeuvre pour améliorer l'efficacité de la relation d'aide et d'accompagnements individuels ou d'équipes (coachings). Enfin, elle peut être un outil dans le cadre de la relation psychothérapeutique.

Introduite dans la relation d'accompagnement individuel, elle favorise la connexion à soi, la reconnaissance de ses besoins profonds et les décisions appropriées à la résolution de conflits intérieurs ou de conflits relationnels. Elle s'appuie du point de vue du clinicien sur :

- la reconnaissance du vécu de la personne,

- l'accueil de toutes ses manifestations (mentales et corporelles),

- le discernement des enjeux et besoins profonds,

- la mise en mouvement, de manière autonome et responsable, vers des actions qui permettront de nourrir les besoins identifiés.

Elle est alors un outil puissant de résolution des conflits pour prendre soin de soi et de ses relations. Elle invite à prendre conscience des modes automatiques de communication de chacun dans la façon de s'exprimer ou d'écouter en mesurant davantage l'impact qu'ils ont sur les interlocuteurs.

En ce qui me concerne, je l'utilise fréquemment dans ma pratique psychothérapeutique et en particulier dans les thérapies de couple. Je la trouve très utile et très pédagogique pour aider les personnes à davantage mesurer d'une part que leur perception est à distinguer de la réalité (ce que je perçois de l'autre n'est pas ce qu'il est, ce que je perçois est d'abord relié à mon ressenti) et d'autre part leur impact sur leur interlocuteur selon la façon dont ils s'adressent à eux. Elle rejoint l'Approche Centrée sur la Personne dans la façon d'amener les personnes à rester avec leur propre ressenti avant de ré-agir et à gagner en conscience de ce qui se passe pour-en soi dans la relation à l'autre. Le travail thérapeutique permet d'aller plus loin et de poursuivre le travail de symbolisation à partir de ce ressenti. Je comprends que certains préfèrent parler de "communication consciente" plutôt que de "Communication Non Violente".


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